Le vélo d’hiver au Québec
Aujourd’hui, on décompose pour vous la recette gagnante pour avoir du plaisir en vélo d’hiver au Québec!
Les trois ingrédients indissociables sont:
– Le vélo
– Le cycliste (ça c’est toé)
– La sécurité
Pour certains, l’hiver rime avec sous-sol et base d’entraînement…
Mais pour d’autres, c’est le début d’une nouvelle saison de cyclisme. Si la photo de la cours d’école finlandaise d’Oulu de vélos dans la neige suscite l’étonnement, elle remet en perspective les limites qu’on s’impose par rapport à la météo.
Le vélo d’hiver au Québec, c’est un sujet polaire… et polarisant, quand il est question de partage de la route.
Cela n’empêche pas le nombre d’adeptes du vélo-boulot toutes saisons de monter en flèche, ni le journal de Montréal de nous publier une belle infographie à ce sujet, sans parler du projet pilote d’entretien hivernal de la piste multifonctionnelle du pont Jacques Cartier depuis décembre 2019.
Selon Vélo Québec, il y aurait dans la province plus de 50 000 cyclistes 4 saisons. Que ce soit en ville, en fat bike (vélo à roues surdimensionnées), sur la neige folle ou dans la slush, toutes les façons sont bonnes de profiter de l’hiver.
LE VÉLO
Parlons de la machine en tant que telle : comment son vélo à l’hiver québécois?
1) Le choix du vélo d’hiver
Notre choix de bécane varie selon conditions dans lesquelles on prévoit rouler. Avec ses pneus larges, ses composantes adaptées aux conditions hivernales et son cadre relativement léger, le Fat Bike est idéal pour les sorties en sentier et en montagne ou pour les routes de campagne enneigées. Il flotte sur la neige au lieu de s’y enfoncer et possède des plateaux qui affrontent bien les montées. Pour le vélo urbain, les conditions sont plus changeantes, le dénivelé généralement moins élevé et les routes moins larges. On cherche donc quelque chose de passe-partout et solide qui tolère les irrégularités de la route, comme un cadre en acier. L’exposition régulière au cocktail abrasif de sel/slush/neige sale nous oriente vers une bicyclette bon marché et/ou recouverte d’une bonne peinture anti-rouille. Un entretien régulier prolongera la longévité de notre monture.
2) Le choix des pneus
Les pneus larges (type vélo de montagne) et les pneus surdimensionnés augmentent le poids, mais améliorent la flottabilité et le contrôle sur la neige. Ils conviennent aux conditions enneigées en sentiers, en campagne ou durant/après une grosse bordée de neige. Les pneus étroits sont légers et permettent de fendre la gadoue, la slush et la neige en ville et lors des redoux. Les pneus à crampons et à clous ont une grande adhérence sur la route qui réduit la vitesse, mais offre plus de sécurité par temps glacé.
3) Le choix de la transmission
La simplicité du système de vitesse évite le risque d’ennuis mécaniques. Première choses à considérer : l’exposition du système de transmission. Un dérailleur arrière est exposé aux intempéries. Il est donc plus à risque de geler et se remplir de sel/sable/abrasifs. Dans le même ordre d’idée, une transmission à plusieurs vitesses augmente le nombre de composantes pouvant briser. On privilégie donc un système simple (single-speed ou peu de plateaux) ou un moyeu arrière à vitesses intégrées (vitesses protégées à l’intérieur de la roue). Deuxième considération : les matériaux. On cherche la durabilité et la solidité au froid. Le plastique se fragilisant énormément au froid, un dérailleur indexé (système de crans sur une manette) en plastique n’est pas idéal, surtout pour les longues sorties et les milieux éloignés, mais peut convenir aux déplacements courts en milieu urbain.
4) L’entretien
Les conditions hivernales exigent des soins réguliers. Un mot-clef : la LUBRIFICATION. On lubrifie hebdomadairement la chaîne et le dérailleur avec une huile adaptée au froid et aux conditions humides. N’oublions pas le cadenas, pour éviter de devoir attendre le prochain redoux pour récupérer notre vélo. En tout temps, les freins doivent être ajustés et fonctionnels. Les grands champions de l’efficacité de freinage sont les freins à disque, fiables peu importe les intempéries, mais ils sont plus dispendieux et moins faciles à entretenir. Les freins à levier sont communs et moins coûteux, mais moins efficaces dans la pluie et la neige. Ils nécessitent donc qu’on nettoie régulièrement les jantes des roues et le mécanisme des freins. Attention à la rouille (cassette, plateaux, câbles) qui endommage nos composantes quand on laisse le vélo dehors longtemps… peut-être votre vélo préfèrera-t-il dormir à l’intérieur. Pour les pneus, on réduit la pression pour gagner plus d’adhérence. (À visionner: film sur l’entretien du vélo d’hiver)
LE CYCLISTE
Parlons maintenant de la machine humaine : comment s’en sortir avec un ratio fun/confort optimal?
1) PRÉPARATION
Même si on parle encore de rouler, le type de pratique du vélo change avec les saisons et nécessite de planifier notre entraînement physique en conséquence. Débuter avec des sorties plus courtes pour augmenter progressivement leur durée et leur intensité permet de quantifier le stress mécanique et de tester notre habillement et matériel.
2) CHALEUR ET ÉTANCHÉITÉ
‘’ Y’a pas de mauvaise température, y’a juste des mauvais vêtements’’. Soyez imperméables et confortables, de la tête aux pieds. Un corps qui a froid est un corps dont les structures (articulations, os, muscles, etc.) sont à risque de se blesser. Si le torse bénéficie de la chaleur des organes et du cœur durant le sport, les extrémités bougent moins et sont plus à risque de blessures. Les gants à 3 doigts sont un bon compromis entre la chaleur et la dextérité (en plus de nous donner l’air d’un ninja turtle) et les manchons de guidon protègent les mains du froid et du vent. Pour les pieds, il existe les chaussures imperméables (pour la course ou le vélo, avec ou sans cale) et les chaussettes de néoprène. Finalement, il est pertinent de faire une période de quelques minutes de réchauffement (ex : sur rouleau ou en jogging) pour préparer le corps au sport extérieur.
3) NUTRITION
Sachez que le corps produit plus de chaleur quand il digère, ce qui suggère que les collations sont d’autant plus pertinentes lors des longues sorties froides.
4) POSITIONNEMENT
Le vélo d’hiver se faisant sur une surface moins stable et enneigée, on tend vers un positionnement semblable au vélo de montagne : un angle au tronc plus ouvert et un guidon qui permet un appui large pour plus de stabilité. L’utilisation de cales peut être indiquée selon le niveau d’aisance et la dangerosité du parcours (obstacles, voitures, achalandage, etc.).
LA SÉCURITÉ
Pour terminer, quelques conseils pour rendre vos sorties hivernales sécuritaires et faciliter le partage de la route en toute sécurité :
1) LA VISIBILITÉ
Feux avant et arrière, bandes réfléchissantes, dossards fluos, boule disco, enseigne lumineuse sur laquelle est écrit WARRIOR… faites votre choix.
2) LE RESPECT DE LA SIGNALISATION ROUTIÈRE ET DES AUTOMOBILISTES
L’hiver, on met notre témérité dans autre chose que brûler les feux rouges et les dépassements en double. Le civisme et le partage de la route sont toujours importants, d’autant plus quand la neige limite l’adhérence et le pouvoir de freinage de tout le monde. On signalise nos actions (changements de direction et freinage) et on s’assure d’être visible et prévisible pour les autos.
3) CHOIX D’ITINÉRAIRE
En ville, on opte pour les pistes cyclables (quand on a la chance qu’elles soient déneigées) et rues calmes au lieu des artères achalandées. Pour les sorties en sentiers isolés, y aller en groupe ou binôme en emportant avec nous un moyen de communication est un bon filet de sécurité. Attention au téléphone, dont l’autonomie est beaucoup affectée par le froid : il préfèrera rester dans une poche interne de notre manteau pour être prêt en cas de pépin. Ou pour être prêt pour votre prochaine story instagram.
4) L’ADAPTABILITÉ
On n’a pas à rouler à tout prix. Il faut savoir choisir ses moments pour rouler, mais aussi ses moments pour changer de sport ou de moyen de transport. Verglas, tempête de neige, blizzard, crise du verglas, apocalypse sont des raisons pertinentes d’annuler une sortie, de prendre le métro ou de prendre une journée de repos.
En vous souhaitant un bel hiver à vélo!